Les plates-formes communautaires font souvent débat auprès des internautes et du commun des mortels. Tantôt loués à l’excès, tantôt décriés voire enterrés, les réseaux sociaux sont régulièrement la cible des réfractaires aux échanges sur le web, c’est pourquoi je me suis intéressé au cœur du problème à la suite de la sortie de mon second livre (Le guide complet des réseaux sociaux – éd. First – 19,95€ - 411 pages), à savoir la sécurité et la confidentialité des membres inscrits.
Le nœud du problème des réseaux sociaux.
L’heure du web 3.0 en est à la confidentialité et les utilisateurs ne s’y trompent pas, ce ne sont pas quelques options intégrées dans les sites web qui suffisent à rassurer, notamment si toutes les données sont conservées sur des serveurs comme le fait Facebook et laissent donc notre vie privée à portée de clavier (via le piratage en général ou pour les pages encore indexées dans les moteurs de recherche).
Alors que le Cloud est dans toutes les bouches (le fameux « nuage » tant vanté depuis quelques mois) et ouvre plutôt la voie aux données ouvertes à tous ou plutôt accessibles de partout, ce système tant défendu par les aficionados est contrebalancé par la multiplication des critiques envers la sécurisation et la protection des données.
En d’autres termes, nous voulons accéder partout à nos informations mais nous souhaitons également une confidentialité beaucoup plus avancée… Dans d’autres contextes, nous dirions que c’est un comble, mais la réalité est différente et logique, nous avons un réel besoin de protéger encore davantage notre vie privée face à la « mondialisation des données web ».
Les réseaux sociaux sont donc au cœur de la tourmente (mais ce ne sont pas les seuls types de sites web ciblés) et posent de nombreuses questions sur le thème de la confidentialité ou de la protection de la vie privée, je vais donc essayer de vous présenter les alternatives possibles et rassurantes pour réconcilier les plus réfractaires avec certains réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux confidentiels qui montent…
Le succès des réseaux sociaux ne semblent pas s’arrêter en si bon chemin, au grand dam des réfractaires ou des internautes en manque d’inspiration qui ne cessent chaque semaine d’annoncer la fin du règne des plates-formes communautaires (il faut dire qu’à terme, ils auront forcément raison, mais cela fait déjà 2-3 ans que nous entendons cela fréquemment et à tort…), mais la confidentialité et la protection de la vie privée sont désormais un fer de lance pour rencontrer le succès sur le web.
La liste ci-dessous présente des réseaux sociaux (beaucoup sur supports mobiles !) qui montent à l’instar de SnapChat et qui proposent tous des notions de protection de données ou d’usage éphémère d’informations pour contenter les membres les plus critiques envers les outils classiques :
- Le mix de tous les principaux réseaux sociaux se retrouve dans TodoBravo (www.todobravo.com) depuis 2011 (mais très méconnu) qui revendique une forte protection des données et surtout la non revente des informations personnelles.
- Whisper (whisper.sh) met en avant l’anonymat et l’échange de secrets entre membres.
- Social Number (socialnumber.com) se base sur le concept de membres anonymes qui ne sont que des « numéros » afin de protéger davantage leur vie privée.
- Le canadien myApollo (myapollo.ca) s’appuie sur un système P2P pour limiter les échanges de données mais insiste surtout sur la confidentialité, le cryptage des données et le 0% de publicités.
- Le français Whaller (whaller.com) mise sur la confidentialité avancée des données personnelles et les restrictions d’accès vers le monde extérieur aux sphères connectées.
- Confide (getconfide.com), le réseau de messages éphémères entre collègues qui taquinent les chefs d’entreprise…
- Le réseau géolocalisé espagnol Geonick (geonick.com) mise sur la protection absolue des données.
- Le réseau social familial privé Amiriel (www.amiriel.com) qui protège les données des membres inscrits et partage des informations sur un téléviseur par exemple.
- Le réseau d’échanges géolocalisés Rustlin (www.rustlin.com) mise sur l’anonymat des membres.
- Le timide Erodr (www.erodr.com) propose des échanges éphémères et totalement anonymes (actuellement aux USA essentiellement).
- Galead (www.galead.com), le réseau de la communauté « LGBTI » mise sur la protection des données personnelles.
Il faut savoir également que la CNIL a mené une étude qui a fait ressortir quelques réseaux sociaux de qualité en matière de confidentialité et de protection de la vie privée.
- La plate-forme familiale FamiCity (www.famicity.com) respectueuse de la vie privée des membres ;
- l’outil protégé et autogéré par les membres Diaspora (joindiaspora.com) ;
- le réseau social pour enfants MondoKido (www.mondokiddo.com) ;
- le réseau de parents d’élèves MiniRéseau (www.leminireseau.fr) ;
- le réseau éducatif pour enfants Wilby (wilby.tv).
Quelle confidentialité sur les réseaux sociaux généralistes ?
La grande famille des réseaux sociaux grand public que sont Facebook, Twitter, Google+, Foursquare, Instagram, Viadeo, Linkedin, Xing, Pinterest ou encore YouTube proposent tous des options de sécurité et/ou de confidentialité mais qui ne ravissent pas toujours les internautes les plus réfractaires.
Les réseaux sociaux récents ne manquent pas mais ne rassurent pas toujours plus, nous pouvons notamment citer l’asiatique Line entièrement dédié aux smartphones et tablettes (à mi-chemin entre Facebook et Skype, qui compte déjà plus de 400 millions d’inscrits), le réseau professionnel et féministe Biilink, le réseau d’artistes français Mumber ou encore Pheed et son modèle économique si particulier. La palme de l’insécurité revient à Path, le réseau social mobile qui récupérait sans autorisation nombre d’informations via Facebook Connect notamment au point que la firme de Mark Zuckerberg a interdit l’usage de son outil de connexion sur la plate-forme…
Contrairement aux idées préconçues, Facebook est loin d’être le réseau social le moins fiable ou le moins fourni en matière de protection des données, son principal défaut est de récupérer les informations (dont les images) à partir de 30 minutes d’existence d’un compte et de les conserver « à vie » sur ses serveurs (même après suppression d’un compte !). Certes, Facebook est très attaqué car il est intéressant pour les pirates du web, mais il ne faut pas oublier que le système reste relativement fiable si vous ne faites pas trop de folies avec les applications externes (c’est souvent par elles que passent les failles de sécurité). En résumé, voici comment utiliser Facebook sans prendre trop de risques en matière de vie privée :
- ne pas mettre de photo de profil (voire de photos tout court…) ;
- ne pas utiliser son nom réel en apportant quelques modifications ou en passant par des surnoms ou pseudos indirects ;
- bloquer les accès au compte selon votre degré d’exigence (interdire les demandes d’amis, afficher les données seulement aux amis, cachées les informations générales comme l’adresse ou le numéro de téléphone…) ;
- avoir un usage plutôt neutre de l’outil pour ne pas être trop ciblé par les publicités ou les professionnels.
Ce système de protection de la vie privée assure un usage discret de l’outil et limite très fortement les risques de données volées ou indiscrètes. Il ne faut pas oublier qu’une boite email « poubelle » peut être créée uniquement pour s’inscrire aux réseaux sociaux, avec un faux nom et tout ce qui va avec, il sera bien difficile de remonter jusqu’à vous dans ce cas…
Ce même système s’applique également aux autres médias sociaux généralistes comme Google+, Twitter ou Linkedin par exemple mais ces derniers contiennent moins d’options de confidentialité et de protection de la vie privée. En réalité, les « pires » réseaux sociaux sont les professionnels en matière de protection des données personnelles car ils sont nominatifs, nous n’avons donc aucun intérêt à nous inscrire si nous mettons un faux nom ou aucune photo de profil, et surtout, il arrive parfois que nous ayons un « compte en attente » créé à notre insu à partir d’informations basées sur des relations déjà inscrites sur ces réseaux (les données sont généralement récupérées grâce aux adresses email reliées entre elles…).
Conclusion sur la confidentialité et la gestion de la vie privée
Les réseaux sociaux ne sont pas les sites les plus sécurisés du web mais de nouveaux outils sociaux mettent en avant l’aspect éphémère et la confidentialité avancée pour se faire une place de choix dans ce marché si fructueux.
Dans les faits, les réseaux sociaux éphémères nouvelle génération sont intéressants mais ressemblent davantage à des gadgets à des plates-formes utiles professionnellement (à quelques exceptions près bien entendu) car il est très difficile d’en tirer de gros avantages pour faire de la communication durable sur le web.
En revanche, les réseaux sociaux déjà connus restent fiables mais nous devons être plus vigilants et optimiser encore davantage la protection de nos données personnelles et notre confidentialité. Si tel est le cas, ces outils restent les plus intéressants pour communiquer sur la Toile ou faire des affaires entre B2B ou B2C…
Je laisse donc à chacun son appréciation, vous avez tous les outils en main pour choisir les alternatives les plus intéressantes selon vos souhaits de confidentialité et vos objectifs professionnels et/ou personnels.