Google publie un rapport sur sa lutte anti-piratage

Mathieu Chartier Actualités web 0 commentaire

Piratage et web sont deux mots qui aiment s'associer, et Google l'a bien compris. La firme a décidé de lutter activement contre ce fléau depuis de nombreuses années et publie des rapports pour tenter de montrer aux utilisateurs les efforts consentis. Le dernier rapport en date, publié le 7 novembre 2018, fait état des investissements (financiers, humains...) réalisés pour mener à bien cette lutte anti-piratage.

Bonne nouvelle pour commencer, le dernier rapport de l'Institute for Information Law (Ivir) montre que le piratage de contenus a globalement baissé dans le monde, tandis que les offres légales gagnent à tous les niveaux. En soi, c'est une bonne nouvelle pour l'économie d'Internet mais aussi pour le respect des lois dans le monde, bien que cela n'empêchera jamais une forme de piratage de masse (streaming, musique, jeux vidéo, etc.).

Le rapport anti-piratage de Google pour 2018 est plutôt flatteur, comme le résume les principaux points suivants :

  • YouTube a versé aux ayant-droits plus de 3 milliards de dollars. Cela passe l'usage d'un algorithme appelé Content ID qui est une véritable horreur pour les youtubeurs mais qui permis aux ayant-droits de gagner de l'argent. D'ailleurs, Content ID a coûté la bagatelle de 100 millions de dollars pour sa création...
  • YouTube a reversé à l'industrie musicale plus de 1,8 milliard de dollars en octobre 2017 et septembre 2018.
  • Google a supprimé plus de 3 milliards d'URL pour violation du droit d'auteur depuis que son outil de notification pour les ayant-droits a été mis en place.
  • Google a retiré plus de 10 millions d'annonces publicitaires en 2017 pour violation du droit d'auteur ou contrefaçon.

YouTube et l'algorithme Content ID, l'horreur de la monétisation

Je me permets de faire une petite parenthèse à ce sujet. Content ID va tout bonnement "voler" toute la monétisation d'une vidéo si seulement quelques secondes de la vidéo utilise quelque chose n'appartenant pas aux auteurs. Prenons un exemple simple qui illustre l'injustice du système. Vous êtes comme Allociné et vous montez des vidéos sur les faux-raccords de film. Au-delà de cette création qui demande un gros travail, vous êtes dans l'obligation de montrer des images du film voire d'y introduire les musiques originales, c'est assez logique. Et bien tous les droits issus de la monétisation seront renvoyés vers les studios à l'origine du film par exemple, et non plus vers Allociné. Mais il y a pire : admettons que vous fassiez une vidéo de 10 minutes et que par mégarde, derrière vous, un logo de Star Wars soit toujours présent, et bien Content ID risque fort de rétribuer votre monétisation à Disney qui détient les droits de la franchise. Vous avez compris ? Google se vante d'avoir versé plus de 3 milliards aux ayant-droits, mais il faut comprendre où il a pris l'argent...

Pour l'anecdote, plus de 98% des contenus publiés sur YouTube passent par Content ID, donc le nombre de chances de s'en tirer sans problème en cas de "violation du droit d'auteur" est extrêmement faible. L'idée de départ n'est pas mauvaise mais Content ID va beaucoup trop loin, et s'il continue de s'imposer, je ne donne pas cher de la création sur YouTube puisqu'il ne faudra plus citer/montrer de marques, etc.

Google poursuit sa lutte anti-piratage (rapport 2018)

Google souhaite mettre en place encore de nombreuses actions pour affiner le suivi de la lutte contre le piratage. En effet, cela passe par plusieurs efforts à mettre en oeuvre :

  • Proposer toujours plus d'offres comme YouTube Premium, Amazon Prime Video, Netflix, Spotify (...) pour permettre aux utilisateurs de profiter de médias légalement à un tarif plutôt honorable.
  • Couper les sources de revenus des sites qui abusent du piratage ou de la violation aux droits d'auteurs. Cela pourrait par exemple permettre à Google de supprimer les revenus générés par Google AdSense pour des sites de streaming illégaux.
  • Supprimer des résultats de recherche quand Google a pu clairement identifier que la page cible donne accès à des contenus illégaux ou piratés (c'est déjà le cas depuis des années et cela risque de s'accentuer).
  • Protéger les sites honnêtes qui reçoivent des plaintes de concurrents pour violation du droit d'auteur. En effet, avec la concurrence du référencement, il est souvent bien plus simple de dire que les autres doivent être supprimés, ça fait gagner des places... :-$

Espérons que la lutte anti-piratage continue dans le bon sens, sans pour autant rendre Internet terne et fermé d'esprit. Ma crainte se tourne essentiellement sur des systèmes comme Content ID qui risquent fort de faire mal à l'Internet que nous aimons et connaissons (et surtout faire mal aux Youtubeurs pour le coup). Attendons 2019 pour le prochain rapport qui sera sûrement remplis d'enseignements...

Google poursuit sa lutte anti-piratage (rapport 2018)