Médiamétrie a publié une étude sur l'usage de l'Internet mobile en France, et cette dernière se révèle plutôt intéressante. Les chiffres s'appuient sur les comportements de plus de 37 millions de mobinautes français en mai 2017. À l'heure où le mobile est dans toutes les bouches, ce genre d'études peut nous prouver que le marché français a vraiment ses particularités.
Reprenons la statistique qui revient le plus souvent pour vanter les mérites du web mobile : plus de 50% des recherches se font sur Google mobile dans le monde (depuis 2016), et non sur Google "Desktop". Face à un chiffre aussi révélateur, comment ne pas penser que l'usage mobile est devenu prioritaire dans le monde ? Et bien il va falloir grandement nuancer ce chiffre...
Déjà, je vous invite à vous rendre dans la vue d'ensemble de la section "Mobile" de Google Analytics ou équivalents, puis de voir quel type d'appareil est le plus utilisé. Pour ma part, sur la quinzaine de sites personnes que j'administre, le site qui a le plus d'usage mobile est ce blog, avec 26,5% (contre 71,2% pour les ordinateurs environ 2,3% pour les tablettes), bien devant d'autres qui atteignent difficilement les 15% de visites mobiles (certains ne sont qu'à 5% ou 6%, même en étant parfaitement responsive, etc.). N'hésitez donc pas à regarder de votre côté pour constater ou non que l'usage de vos sites web sur mobile restent minoritaire (même si on ne peut pas cracher sur 26,5% comme sur ce blog, j'en conviens bien entendu...)
Médiamétrie s'est donc penché sur 37,3 millions de mobinautes français âgés de plus de 11 ans (plus de 2 français sur 3). En mai 2017, tous se sont connectés au moins une fois sur Internet via leur mobile mais l'étude a démontré que 85% des temps de connexions concernant l'usage d'applications mobiles, contre seulement 15% pour les sites web. Sur le plan comptable, chaque mobinaute a consulté environ 15 applications et 49 sites web par mois.
Déjà, retenons que "seulement" 15 applications en moyenne sont utilisées par mois par les mobinautes. Ce constat avait déjà été fait plusieurs fois auparavant, nous savons désormais que les mobinautes consomment peu d'applications, mais ils y sont fidèles si ces dernières leur conviennent. Parmi les applications à succès, on retrouve toujours des apps mobiles de messagerie comme Whatsapps ou Messenger, de réseaux sociaux comme Facebook, SnapChat, Instagram ou Twitter, de plateforme vidéo comme YouTube, de GPS comme Waze ou Maps, ou encore de recherche d'informations en toute genre comme Google, Wikipedia, Shazam ou PagesJaunes. Ce sont donc toujours les mêmes applications qui s'en sortent avec l'immense majorité des usages.
En revanche, 49 sites sont visités en moyenne, mais comme le prouve l'étude, la visite de sites web n'est pourtant pas du tout prioritaire. En effet, 20h52 ont été passées en moyenne à utiliser des applications, contre 3h47 pour des sites web. C'est donc peu de temps accordé par site web sur mobile si nous extrapolons un peu ces données. Et surtout, il ne faut pas oublier que des applications comme Facebook ou Twitter, qui partagent beaucoup d'informations externes par le biais de leurs inscrits, facilitent l'accès à un certain nombre de sites web dans leur interface. Il serait donc intéressant de voir combien de sites web ont été visités par la seule démarche des mobinautes, en ouvrant un navigateur, etc.
Ce qui est révélateur dans cette étude est la différence notable qui existe entre des pays comme les Etats-Unis et la France, mais aussi entre ce que nous disent des firmes comme Google, et ce qui se passe plutôt en réalité. Certes, nous ne pouvons nier que l'usage de l'Internet mobile croît nettement en France, ni même que Google n'a pas plus de 50% de recherches dans le monde. Toutefois, pour les entreprises de taille moyenne ou moins, le mobile est-il un enjeu si important que l'on veut le faire croire ? Ce n'est pas un "oui" ferme comme certains aimeraient l'entendre, et clairement pas un "non" ferme.
Beaucoup de sites web mobiles ou responsive sont à peine visités en 2017, le constat est là, on pourrait donc penser qu'il est inutile de payer plus cher et de passer plus de temps à s'efforcer de faire du mobile dans bien des cas. Pourtant, ces usages progressent vite (ce qui fait étonne quand on voit le peu d'intérêt actuel des mobinautes pour les sites web) et des avancées comme l'index Mobile First de Google vont nous obliger à penser mobile avant tout. C'est donc dans un certain paradoxe que nous allons devoir optimiser nos sites pour les mobiles (et pour Google), tout en sachant qu'ils ne seront pas nécessairement visités beaucoup sur ces supports... :-)